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     Les journalistes l’attendaient également, mais en voyant son état de concentration, rares furent ceux à oser l’aborder. Il répondit chaque fois poliment, adressa quelques sourires, mais s’assura de toujours couper court aux conversations. “Vous aurez vos réponses en regardant la course”, lança-t-il à chaque fois.   

 

     – Cette année-là, il devint inarrêtable. Il n’y avait que lui pour s’étonner de ses résultats. C’est sûr qu’à cet âge-là, je ne partageais pas un quart de sa modestie, mais c’est une des qualités qu’on lui appréciait. Il avait laissé chez les plus grands amateurs de course une forte impression lors de ce premier Grand Prix, et les suivants achevèrent d’attirer l’attention sur lui. Les sponsors affluèrent peu à peu suite à cette première victoire, tout le monde voulait parier ce nouvel espoir et voir ce qu’il était capable de faire dans des championnats de plus grosse ampleur. Si vous voulez mon avis, les écuries de Machs 1 auraient dû se précipiter pour le signer dans leurs équipes juniores, ça lui aurait facilité la tâche, et eux, ils ne s’en seraient pas mordus les doigts plus tard.  Son écurie ne payait pas de mine, sa voiture voyageait dans un simple camion, sans aménagement, sans ingénieurs. Ç'avait l’air presque artisanal. Il est arrivé en Angleterre comme un franc-tireur, baragouinant un Anglais à l’accent tranché et pilotant comme personne ne le faisait en Europe. 

 

     Antton passa la douane puis se retourna pour saluer ses parents. Genevalisse n’avait pas pu retenir ses larmes, et Joel semblait le faire difficilement. Le cœur battant, il leur adressa un dernier sourire, puis se força à tourner les talons. Il avait déjà pris l’avion seul à plusieurs reprises pour se rendre dans sa famille au Brésil, mais jamais, il n’avait eu le cœur qui battait si fort contre ses côtes. Il ne dormit pas pendant le voyage, et mangea à peine.  

La première chose qu’il fit en posant un pied sur le tarmac, fut de regarder sa montre, resté à l’heure de San Juan. Là-bas, il était deux heures du matin. Ici, le soleil se levait déjà. 

Le choc culturel fut brutal, et comme pour confirmer ce qu’il avait entendu dire sur l'Angleterre, un fin crachin tombait sur Manchester. Il trouva le bus qui faisait la liaison jusqu’à Daisy Hill, glissa difficilement ses deux valises dans la soute, puis monta s’installer sur la dernière banquette. Tout était véritablement différent ici. En attendant que le bus démarre, il ouvrit son portefeuille, jeta un coup d’œil à la photo de sa famille, puis contempla la monnaie que Luiz lui avait donnée. Il s’était rendu au bureau de change, à São Paulo, et lui avait donné une liasse de billet qui lui donnaient une idée assez précise de ce à quoi ressemblait la reine. Il en tira une feuille déjà toute froissée, et pour la énième fois, relut les instructions. Il se rassura en se disant qu’il avait encore toute la journée pour arriver à bon port.  

     Le trajet dura cinquante minutes, pendant lesquels il resta vigilant à chaque arrêt. Les british avaient un drôle d’accent, et lui qui ne faisait que se débrouiller en anglais, craignait de se tromper d’endroit. Il avait cru mieux parler la langue, mais cet accent-là compliquait bien plus les choses qu’il ne l’avait envisagé. Une petite vieille se leva en même temps que lui, et fit tomber sa cane dans l’allée. Antton, déjà debout, se précipita pour la ramasser.  

     – Souhaitez-vous de l’aide ? demanda-t-il en la voyant peiner à se lever.  

    – Quel joli accent vous avez là ! roucoula-t-elle en prenant le bras qu’il lui tendait. Je ne vous ai jamais vu par ici, ajouta-t-elle lorsqu'ils furent descendus.  

     – Je viens d’arriver, à vrai dire, répondit-il. Je dois loger chez Mrs … 

Voyant qu’il doutait de la prononciation, elle lui fit signe de lui montrer son morceau de papier.  

    – Marietta ? Mais c’est ma voisine ! répondit-elle en riant. Oui, je me souviens qu’elle m’avait informé qu’un jeune homme allait occuper sa deuxième chambre. Venez, je vais vous y emmener.  

     Elle reglissa son bras sous le sien et l’entraîna.  

Daisy Hill était un quartier calme où les routes étaient pavées et les maisons en brique. Les tumultes de la grande ville ne parvenaient pas jusque-là, et à cette heure, les rues étaient presque désertes.  

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     Avec une poigne remarquable pour une dame de cet âge, la vieillarde — Agnès — leur fit traverser un petit jardin humide et fleuris.  

      – Vous serez très bien, ici, la cuisine de Marietta est délicieuse !  

Tous le long du trajet, Agnès lui avait offert un long monologue qui lui avait permis d’en savoir plus qu’il ne le fallait sur le quartier et son voisinage. À peine eut-elle sonné, que la porte s’ouvrait.  

     – Agnès ? s’étonna Marietta. Ce n’est pas vraiment vous que j’attendais, pour tout vous dire.  

      – Oui, je me doute, gloussa-t-elle.  

Elle adressa un petit signe de tête à son amie, dont le regard glissa jusqu’à Antton, resté quelques pas en arrière. Son visage s’illumina.  

       – Entre-donc Antton ! Entre donc !  

     Agnès se faufila à l’intérieur sans y être invité, et s’enfonça dans la maison de manière habituée. Antton entra dans le hall, timidement, et jeta un coup d’œil circulaire à l’endroit. Eh bien, tout était véritablement différent dans cette partie du monde.  

La maison de Marietta était de taille raisonnable, peut-être un peu grande pour une seule personne, propre et bien rangée. La déco devait bien dater des années soixante, mais était savamment assortie et faite avec suffisamment de goût pour que cela n’ait pas l’air démodé.  

     – Agnès ! Vous êtes une véritable chipie !  

     Antton s’approcha de la cuisine. Sans attendre, la vieillarde était allée se préparer du thé.  

     – Ne me prêtez donc pas tant de mauvaise intention, très chère, et allez donc vous occuper de ce charmant jeune homme le temps que je nous prépare du thé.  

     La petite querelle lui arracha un sourire. Marietta céda.  

     – Suis-moi, fit-elle en retrouvant Antton, je vais te montrer ta chambre.  

    La maison n’était pas bien grande, et les deux chambres se situaient à l’étage, de part et d’autre de l’unique salle de bain. Il n’y avait pas d’affaires personnelles dans la chambre d’Antton, mais l’agencement et l’aménagement ne donnait pas l’impression d’être dans une chambre d’hôtel pour autant. Les couleurs étaient chaudes, les tapis, épais. C’était confortable, et il apprécia.  

    – Il fait parfois un peu chaud, alors j’ai installé un climatiseur, expliqua Marietta en lui montrant l'objet. Fait comme chez toi surtout, tu peux ranger tes affaires dans la penderie. 

     – Merci beaucoup, souffla Antton.  

    Elle lui montra ensuite la salle de bain, et lui assura que ça ne la déranger pas de laver son linge.  

     – Je suis très contente de pouvoir rendre service à Virginia, tu sais. Nous n’avons jamais vraiment cessé de nous écrire depuis notre correspondance au lycée. Je lui ai promis de veiller sur toi et de bien prendre soin de toi, alors en échange, je te demande seulement de m’informer de tes aller-venus, et — demande très formelle de ta grand-mère et de ta mère, de ne pas délaisser ton apprentissage scolaire.  

     – Ça ne me parait pas être trop difficile à respecter, répondit Antton avec un sourire.  

     Satisfaite, Marietta s’engagea dans l’escalier, et ils rejoignirent Agnès dans le salon.  

     – Antton est le petit-fils de ma correspondante portoricaine, expliqua-t-elle alors qu’Agnès leur servait le thé.  

     – Cela explique l’accent ! Mais que viens-tu faire si loin de chez toi ?  

  – J’ai gagné une place sur la grille du championnat britannique de Nomad Mach de catégorie deux, répondit-il. Je viens pour piloter.  

     – Tu viens faire des courses ? demanda Agnès, pour s’assurer d’avoir compris.  

Il hocha la tête.  

     – Je n’ai jamais assisté à aucune course, ce doit être un chouette passe-temps.  

Antton pinça les lèvres.  

   – À vrai dire, ce n’en est pas un. Je veux devenir pilote professionnel dans la catégorie reine, c’est un vrai travail à plein temps pour y parvenir.  

     – Je vois.  

     Il ne s’était pas attendu à ce qu’elle comprenne.  

 

     Le temps que sa voiture arrive, livrée par cargo puis par camion, Antton en profita pour prendre de l’avance dans ces cours. Il étudiait depuis sa chambre, la table de la salle à manger ou encore la petite bibliothèque du quartier. Lorsqu'il ne travaillait pas, il allait courir ou se promener dans Daisy Hill. Il avait pris l’habitude de faire son jogging tôt le matin, car il avait remarqué qu’en passant dans la rue commerçante à huit heures et demie, il pouvait voir la fleuriste sortir ses fleurs sur la terrasse de sa boutique. À force de le voir chaque jour, elle s’était mise à le saluer, et même à l’attendre sur le pas de la porte, pour ne pas risquer de le manquer.   

    Antton écrivait à sa mère tous les jours, et lui envoyait ses lettres chaque semaine. De crainte qu’elle ne s’inquiète outre mesure, il était toujours joyeux et positif, mais en réalité, il s’ennuyait de pied ferme. Marietta lui avait offert un argentique dont elle ne se servait plus, mais lui qui n’avait jamais fait de photos de sa vie eut bien du mal à y trouver une utilité. Cela eut au moins l’intérêt de le divertir quelques jours et de l’encourager à visiter les coins reculés de Daisy Hill. Un jour, il se rendit même à la bibliothèque de Manchester et éplucha le rayon dédié à l’automobile.  

    À part ça, les jours se suivaient, longs et insipides. San Juan lui manquait, et il en avait marre d’avoir à penser à prendre une veste avant de sortir, à devoir remonter la couette sur sa tête la nuit, et de se sentir humide un jour sur deux à cause du temps capricieux. Il préférait encore les grandes pluies torrentielles de sa terre natale à la grisaille quotidienne de Manchester.  

    – Tu n’es pas aller courir ce matin ? s'étonna Marietta en trouvant Antton près de la fenêtre, à contempler d’un air maussade la pluie tambouriner contre la porte-fenêtre.  

     – Le temps a eut raison de ma motivation, à la longue.  

Il parlait déjà bien mieux anglais. Il fallait dire qu’elle tenait à lui faire la conversation à chaque repas.  

     – Eh bien, le temps britannique a dû te donner un sacré coup au moral.  

     Elle avait déploré qu’il ne soit pas venu un peu plus tôt, car il aurait pu profiter de la neige tombée en décembre. 

     Il tourna vers elle un regard interrogatif.  

     – Il m’a bien semblé que tu avais plus d’une motivation pour faire ton sport… 

     Antton vira cramoisi.  

     – Euh … Je …  

     Marietta éclata de rire. 

     – Ne t’en fais pas, je ne t’espionne pas. Mais Agnès et comme cul et chemise avec Paul, le propriétaire de la boutique de fleurs, et lui, c’est une véritable commère ! Je la connais, la petite Tallulah, son père venait entretenir mon jardin et elle l’accompagnait de temps en temps. Un drôle d’histoire, qui leur est arrivé... Enfin, ce n’est pas à moi de te raconter ça ! 

Elle resta songeuse un instant, et Antton se demanda ce qu’elle avait bien pu vouloir dire. 

     – Je vais nous faire du chocolat, tiens, pour nous remonter le moral.  

     Elle s’éloigna vers la cuisine, et il tourna à nouveau les yeux vers la fenêtre. Tallulah... C’était un prénom qu’il n’avait encore jamais entendu.  

 

 

     Marietta vit depuis la fenêtre de la cuisine Antton rentré en courant.  

    – ¡ Ya está ! s'exclama-t-il en jaillissant dans le hall. Elle est arrivée ! Elle est au circuit, elle m’attend dans un garage !  

     Ça ne faisait aucun doute : il parlait de sa voiture.  

     – Quelle bonne nouvelle ! Donne-moi seulement dix minutes que je me prépare...  

     – Que ce passe-t-il ?  

     En voyant Antton se précipiter de la sorte, Agnès s’était empressée de les rejoindre.  

     – Sortez donc d’ici, veille carne ! la chassa Marietta en disparaissant dans l’escalier.  

     – Voilà donc votre vrai visage, espèce de bécasse ! rétorqua Agnès.  

     Elle attendit qu’elle soit à l’étage pour se tourner vers Antton.  

     – Alors ? demanda-t-elle sur le ton de la confidence.  

     – Ma voiture a enfin été livrée, répondit-il avec un sourire.  

  Le visage de la vieillarde s’illumina. Elle n’y connaissait peut-être rien en course automobile, mais elle était certaine qu’Antton était un pilote formidable.  

     – Vite, vite, vite ! les pressa Marietta en revenant, habillée de son manteau et équipée de son polaroid.  

     – Où allons-nous ?  

   – Eh bien ! Au circuit bon sang ! Tu as attendu si longtemps, ce n’est pas pour patienter encore !  

     Elle leur fit signe de sortir et verrouilla la porte en un rien de temps, presque aussi excité qu’Antton l’était.  

      – Je vais chercher une veste ! s'exclama Agnès en rebroussant chemin aussi vite qu’elle le pouvait.  

     Marietta se dirigea vers le garage et en ouvrant la porte découvrit une vieille Lotus Elan d’un jaune pétant.  

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     Il s’installa sur le siège passager avec un air ravi, puis ils quittèrent le jardin, cueillirent Agnès sur le pas de sa porte, et s’éloignèrent à toute vitesse de Daisy Hill. Les deux femmes parlèrent rapidement du circuit avant de dériver vers toute sorte de sujets dont la plupart n’étaient autres que des ragots. Sur son siège, Antton se cramponnait fermement. Jamais il n’avait vu quelqu’un conduire aussi dangereusement, pourtant les chauffards étaient monnaie courante à San Juan.  

     Ils furent aux abords du circuit un peu plus de trente minutes plus tard. Les structures en béton des gradins et des stands se détachèrent sur le ciel grisâtre. Marietta se gara à la hâte sur le parking, sans prendre le temps de s’assurer qu’elle était bien dans sa place. 

Antton se précipita vers l’entrée, courant presque. Il regarda autour de lui avec impatience, analysant déjà ce qu’il pouvait apercevoir de la piste. Il savait que, comme Paromar, le circuit de Manchester possédait un tracé classique, mais avait la particularité de faire pas moins de sept kilomètres, pour un dénivelé d’un peu plus de cent mètres.  

     – Hé là ! Où vas-tu comme ça ?  

     Il se retourna vers l’homme qui l’avait interpellé. À sa tenue et aux taches de cambouis sur ses mains, il devina sans mal qu’il avait affaire à un mécanicien.  

     – Bonjour, je suis Antton Torres. J’ai été informé que ma voiture était arrivée.  

    – Ah oui, le vieux Mach bariolé, on ne savait pas quoi en faire, on l’a mis dans le garage du fond.  

     Il lui fit signe de le suivre. Il devait y avoir une course en préparation, car les mécaniciens et les ingénieurs fourmillaient dans le paddock. Il était encore trop tôt pour que les pilotes soient également présents, mais il y avait de nombreuses manutentions à accomplir.  

Sur le chemin, l’homme qu’Antton suivait s’arrêta proche d’un garage et interpella les mécaniciens qui s’y reposaient.  

     – Venez voir, messieurs. On va enfin avoir le fin mot de cette histoire.  

    Ils jetèrent des regards à Antton, et leur emboitèrent le pas. Il n’était pas sûr d’apprécier cela.  

     – Y a-t-il eut un problème ?  

     – Ah ça, à toi de me le dire ! répondit-il avec un sourire en coin. 

Antton pinça les lèvres. Il se rembrunit de plus en plus à mesure qu’ils s’écartaient des stands et que les messieurs qui les accompagnaient ricanaient toujours plus. Apparemment, la livrée leur posait problème. 

    Sa voiture avait été placée dans le garage le plus reculé, coincé entre des caisses contenant des pièces de rechanges et la carcasse d’une vieille Mach.  

     – Voilà ton bolide, gamin, fit le mécanicien en lui désignant la voiture bâchée.  

     Sans se préoccuper des critiques, Antton se dépêcha d’aller ôter la housse. Malgré qu’elle ait été couverte durant tout le voyage, la voiture était poussiéreuse. Il avait l’impression de ne pas l’avoir vue depuis des siècles.  

   – Bon, dis-moi à présent, commença le mécanicien, qu’est-ce que c’est que tous ces autocollants ?  

     – Des sponsors, répondit-il rapidement.  

     Il était déjà concentré à s’assurer que tout était en ordre.  

     – Il faudrait être fauché pour en avoir besoin d’autant ! fit l’un des hommes.  

     Ils ricanèrent.  

     – Doucement, vous autres, ne soyez pas mauvais.  

     – On ne nait pas tous dans un berceau en or, rétorqua Antton en se glissant dans le cockpit. Ils échangèrent des regards surpris. Antton caressa le volant, et un instant, il était de retour sur le tarmac de Paromar. Il démarra, et les hommes se turent.  

      – Joli bruit, commenta le mécanicien en s'appuyant sur le halo de protection.  

    Antton plaça un doigt sur ses lèvres pour l’intimer au silence, et il ferma les yeux un instant. Il accéléra une fois, puis deux, et fit la grimace.  

     – Il y a quelque chose qui ne va pas, déclara-t-il en coupant le moteur.  

     – Comment-ça ?  

   – Elle a dû se dérégler pendant le voyage, répondit Antton en s’extirpant de la voiture. L’ennui, c’est qu’il n’y a qu’en la pilotant que j'en saurais plus.  

     Et il avait laissé son équipement à Daisy Hill. Le reste des hommes semblait avoir été rappelé au travail, et ils s’éloignèrent peu à peu.  

     – Où est ton équipe ? demanda le mécanicien, qui avait refusé de les suivre.  

     – Au Brésil.  

     – Oh, c’est donc toi qui as remporté la place sur la grille, comprit-il. J’ai entendu parler de ça.  

     Il hocha la tête.  

     – Mais je ne comprends pas, comment comptes-tu t’en sortir sans ton écurie ?  

    – J’ai des noms, mon oncle m'a assuré qu’ils m’aideront, répondit-il en s’asseyant sur le capot de sa voiture.  

     – Je vois.  

     Il sembla réfléchir un moment.  

    – On va être très occupé par le Grand Prix, ce weekend, mais revient mardi prochain, la piste sera dégagée. Je suis curieux de voir ce qu’elle a dans le ventre, ajouta-t-il avec un signe du menton pour la monoplace.  

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